Le simulacre charbonneux vint à s’évaporer, les pieds légers du Placide s’émurent et la silhouette obombrée frissonna sur les lamelles boisées d’un sol grinçant et miséreux. Les iris délicatement tréfilées se dénudèrent de leurs pétales de rosat, et ce fut avec célérité qu’elles escaladèrent les moindres recoins des lieux s’offrant à leur inquisition. Non loin de lui devait s’édifier la stature de son Partenaire, Kisame. Le Spadassin, d’un orgueilleux pivot de talons, s’extirpa de cette infâme atonie, sa menotte pirouettant contre l’étoffe noirâtre, ballottée impudemment contre ses courbes ténues. Les pierres rondelettes roulaient le long de sa peau hâve, presque blafarde, lui allouant l’indicible âpreté de l’assassin qu’il fut.
« Kisame-san. »
Sifflement, frêle soupir. Les lippes incarnates stridulaient cet appel, et l’attention du Meurtrier daigna enfin gratifier le Nunekin de toute sa complaisance. Le Nukenin de Kiri ne s’irritera point d’une telle attitude, sans doute connaissait-il les humeurs de son Partenaire.
« Essayons de nous infiltrer au sein du Château, et voir si nous pouvons surprendre quelques informations concernant le lieu où se trouve la fille. Voyons si cette Mérédith ou ce Toto peuvent nous « renseigner » … Et si la méthode douce ne suffit pas, tu te chargeras de trouver un moyen pour les faire parler. »
Les prunelles cinabrines s’épanchèrent sur le visage induline du Requin, nulle moue n’ombrageait le minois imbu de vénusté de l’Assassin, seule un voilage de placidité lorgnait ses traits, mornes et rehaussés d’outrecuidance. Ses palabres furent chantées avec flegme, sa voix ne fut qu’un murmure, étrangement suave et mêlé d’une sérénité presque effarouchée. Ses pensées n’étaient que néant, lui-même n’osait s’éveiller à sa propre conscience, de peur peut-être de l’effleurer fatalement. Seul importait à ses schèmes de veiller à ce que sa besogne s’accomplisse. Rien de plus.
« Cela te convient ? »
Les lèvres replètes dansèrent à nouveau, se souciant de l’avis du Requin. Mieux valait former une équipe « soudée » plutôt que de se perdre futiles chamailleries. La silhouette gracile vint à glisser telle une péliade le long du corridor malaisé par la misère du temps, délaissant le recoin enténébré et désert de toute trace d’humanité pour enfin s’offrir aux timides rais enluminés cajolant les ajours nus de l’Auberge. Ses foulées mirliflores orchestraient l’aubade lente et languide de l’Uchiwa, laissant s’épanouir en son sillage les vapeurs carminées chahutant sa mante brunâtre.
« Quoiqu’il arrive … Nous ne repartirons pas sans avoir une information valable à remettre aux autres. »
Ultime homélie qui vint mourir dans un silence presque imposé. Pour une fois, l'Uchiwa s'était exprimé plus que de coutume et sa langue semblait bien déliée. Peut-être que cette mission lui tenait à cœur, mais le connaissant, cette seule velléité demeurait bien faible. Il y autre chose. Litanie sempiternelle, acerbe rapsodie qui martelait ses schèmes nébuleux depuis ce jour où le vermeil sacral s'égoutta de sa lame mortifère.